Dans le ciel de décembre, le bonjour très tôt
devient un bonsoir. A peine le café est-il chaud, les étoiles sont
tombées à travers les nuages pour allumer les villes et les villages.
Nous sommes devenus gens du Nord attendant la neige, ce tapis
effrayant les bergers à bicyclette.
Nous avons tiré de l'armoire le bonnet de laine: les
oreilles s'impatientaient. Bonjour! Ça se dit avec une main gantée, ou
avec un peu de vapeur qui sort de la bouche. Si les savants de la
météorologie ont exagéré, la fin de l'automne sera fidèle à nos
souvenirs de nains de jardin enrhumés. Les luges, s'il en reste, s'en
iront vers l'hiver, tenues en laisse par les enfants.
Pas loin des platanes, de nouveaux amis exilés
d'Afrique ont passé étonnés, noirs sur blanc. Chez eux, il neige du
sable couleur blonde, pendant quatre saisons. Nous envions leur été
royal; leur soleil qui fête Noël sans fausse barbe, au mois qu'il
veut. Eux pensent que nous ignorons la richesse du cadeau qui nous est
fait. Le ciel peut changer d'habits et d'humeur, l'espace d'un cri de
mouette. Les saisons nous surprennent à chaque détour du calendrier.
Il suffit d'une nuit au rêve imprévu, d'une aube qui se lève plus tard
que le veut le calendrier et nous allons d'une surprise à l'autre. |